Le geste est lent, presque cérémoniel. Francis Kurkdjian porte la mouillette à son nez, puis ferme les yeux. «C’est un parfum ancien, qui dégage une odeur masculine… rien de joyeux», souffle le parfumeur de Dior. Il enchaîne: «Je ne vois pas un visage heureux le porter, mais quelqu’un de très sérieux.» Il vient de plonger dans le Miss Dior originel, celui de 1947. Son constat est sans détour: «Une eau de cologne pour homme. Sans trace de féminité.»

Et là, le contraste saisit. Car face à ce sillage austère, la réédition 2025 brille d’un éclat presque insolent. Miss Dior, déjà maintes fois réinventé au fil des ans – des diverses variations florales jusqu’aux notes de pivoine du Blooming Bouquet – franchit ici une nouvelle frontière. La fragrance se veut plus fruitée, plus pétillante, plus audacieuse encore. Francis Kurkdjian aime la comparer à un «pop» joyeux, comme une bulle qui éclate. Miss Dior Essence redessine l’insouciance d’une jeunesse qui ose s’affirmer et s’affranchir de certains codes. Le flacon s’offre aussi un coup de jeune: un verre rose pâle contraste avec l’écriture sombre, tout en se parant de l’élégant motif en pied-de-poule. Le nœud, d’un noir profond, se veut plus rock’n’roll que jamais. Voilà la signature visuelle affirmée de ce nouveau parfum aux notes boisées et à la touche de mûre confiturée.

Pourquoi ce virage sensoriel? «Nos goûts se forgent dans les senteurs qui nous entouraient enfants. La nouvelle génération a grandi dans un univers saturé de notes fruitées et sucrées», explique Francis Kurkdjian. Comme une échappée insouciante face à un monde surchargé de gravité.

Miss Dior Essence, essence de parfum, 80ml. /224 fr., www.dior.com