Loin des SUV massifs et des voitures électriques qui se conduisent toutes seules, les cabriolets vrombissants (très) haute de gamme continuent de faire rêver.
Elle ne sera pas mise en vente avant plusieurs années, si tant est qu’elle le soit un jour. Et elle ne serait alors produite qu’en très petite quantité, pour plusieurs centaines de milliers de francs. Mais qu’importe, puisque ce concept Skytop est là avant tout pour nous rappeler que le design est un jeu qui permet toutes les folies. Ici, le constructeur bavarois a imaginé un modèle targa unique, basé sur la BMW Série 8.
Pertinence pour l’évolution du monde automobile? Zéro. Le grand public roule en SUV, l’offre comme la demande de cabriolets sont en recul depuis longtemps. L’avenir appartient de toute façon aux voitures électriques qui se conduisent toutes seules. Et le prestige s’exprime de moins en moins avec un moteur huit cylindres de 4,4 litres.
Le luxe de ralentir
Mais la belle audace d’une décapotable futuriste n’est pas anachronique pour autant. Celles et ceux qui ont eu la possibilité de l’admirer en ce début d’été à l’occasion du Concorso d’Eleganza Villa d’Este sur le lac de Côme l’ont bien compris: il est encore permis de rêver!
On rêve – par exemple – de contempler le dégradé de couleurs oscillant entre le brun rougeâtre de l’intérieur et l’argenté feutré de l’extérieur. D’ouvrir la porte du conducteur en utilisant l’élégante ailette discrètement intégrée et de monter à bord sous les regards ébahis du voisinage. De respirer le parfum du cuir (et non du plastique recyclé). D’apprécier les références à de vénérables classiques comme la BMW Z8 Roadster, sans se priver des avantages d’un cockpit moderne. D’apprécier le son et le caractère d’un moteur V8 qui, à l’époque des voitures électriques qui passent de 0 à 100 km/h en moins de trois secondes, promet presque de ralentir. De prendre quelques virages en épingle en appréciant l’adhérence des roues en alliage léger de 21 pouces. Le tout – luxe ultime – sans capote (les capotes rigides et recouvertes de cuir sont rangées dans un compartiment dans le coffre à bagages). Les cheveux au vent, le soleil sur la peau, une halte spontanée: tout le programme désuet de l’aventure, du kitsch, de la liberté et du plaisir.
Face aux changements technologiques, aux discussions sur le CO2 et aux débats sur l’abandon des véhicules à combustion, l’industrie automobile – et en particulier les constructeurs de grosses cylindrées – a beaucoup investi pour défendre des valeurs plus… raisonnables: durabilité, progrès, sens des responsabilités. Un nouveau luxe, basé sur les bits et les octets plutôt que sur le vernis et le cuir. Il en résulte parfois des voitures qui, avec beaucoup de tôle, brillent peu et qui, avec beaucoup d’intelligence artificielle, ne génèrent guère d’émotion. Mais il n’est pas nécessaire d’être un négationniste du climat pour ressentir un brin de nostalgie pour ces modèles de niche qui, en ces temps incertains, évoquent un âge d’or de l’automobile.
Chez BMW, on attise carrément cette nostalgie avec la sportive et élégante Skytop, tandis que chez Mercedes-AMG, le «sommet de l’exclusivité» porte le nom de PureSpeed. Présenté à l’occasion de la course de Formule 1 de Monaco, ce projet de voiture biplace radicalement ouverte, sans toit ni pare-brise, rend hommage à la course automobile et donne un aperçu du premier modèle de la série ultra-exclusive Mythos. La motorisation? C’est encore un secret, mais elle devrait être basée sur une version modifiée du V8 de 4,0 litres.
Le constructeur britannique de luxe Bentley promet encore plus d’exclusivité et de cylindres avec la Batur Convertible. Ce cabriolet, limité à… seize exemplaires, devrait être l’un des derniers modèles à avoir sous son capot le moteur à douze cylindres, introduit il y a vingt ans, dans sa version actuelle de 740 ch, avant qu’il ne soit retiré du marché.
Et comment ne pas évoquer la Ferrari 12Cilindri Spider, le dernier biplace sorti des studios de Maranello qui évoque là encore la «belle époque» en faisant un clin d’œil stylistique à la Daytona? Un moteur V12 atmosphérique placé en position centrale avant et développant jusqu’à… 830 chevaux, construit en édition limitée à 199 exemplaires. Faut-il avoir mauvaise conscience en s’imaginant rouler sur la Côte d’Azur, le volant dans une main et une gelato dans l’autre?