Certes, la matière luminescente permet de lire l’heure dans l’obscurité. Mais quels univers de rêve n’ouvre-t-elle pas aussi!
Celui qui, enfant, a collé des étoiles au-dessus de son lit, guetté les lucioles les soirs d’été ou porté des paillettes fluos pour une soirée disco sait la magie de la lumière. Les montres qui brillent dans la nuit sont taillées pour ces imaginaires-là. Alors, évidemment, il s’agit avant tout de rendre l’heure lisible dans l’obscurité. Cette manière d’émettre la lumière – au travers des aiguilles, des index, du cadran voire du boîtier – porte un nom: la luminescence.
Pour comprendre cette technique, il faut rembobiner cent ans en arrière. A l’époque, l’horlogerie utilise le radium, découvert par Marie Curie (1898), sur certaines parties des cadrans pour les distinguer dans le noir: index, aiguilles… Mais l’affaire n’est pas sans danger. On se souvient du film Radium Girls (2020), qui raconte l’histoire de ces ouvrières des années 1920 mortes d’avoir ingéré du radium en peignant des montres phosphorescentes destinées à l’armée américaine. La matière radioactive est donc vite abandonnée. Le tritium prend la relève dans les années 1960 mais sa nocivité et la catastrophe de Tchernobyl ont aussi raison de son usage.
Pour remplacer avec innocuité ces deux composants radioluminescents, il faut attendre les années 1990. Une matière tape alors dans l’œil de l’industrie: la céramique luminescente inoffensive, plus connue sous le nom de LumiNova et Super-LumiNova. Le principe? Elle se charge à chaque exposition à la lumière, un peu comme le ferait une batterie. De retour dans le noir, elle brille.
Le pont entre la fonction et le beau
Qu’elles soient abordables ou luxueuses, toutes les montres ont désormais adopté la technique découverte par Albert Reinhard Zeller et produite par Swiss LumiNova dans le canton d’Appenzell. Un gramme de cette matière suffit pour illuminer 100 à 500 cadrans et il existe aujourd’hui une large palette – plus de 3000! – de couleurs possibles, visibles de nuit ou sous l’eau.
C’est une nouvelle ère qui s’ouvre, dépassant amplement les seules contraintes utilitaires. L’heure? Oui, bien sûr… mais place aussi aux effets décoratifs, aux jeux de profondeur, aux motifs qui apparaissent d’une pression. Avec l’imagination pour seule limite, la luminescence est devenue un atout esthétique de premier plan, une éblouissante manière de sortir de l’ombre.
Briller, briller encore!
Electrique
Une carrure en carbone CFT, et un look terriblement branché. Les aiguilles des compteurs sont remplies de matière luminescente qui apparaît blanche en journée et se teinte de bleu dans l’obscurité.
Audemars Piguet Royal Oak Concept Chronographe Rattrapante GMT Grande Date/43 mm, mouvement automatique, étanche à 50 m, prix sur demande.
Conceptuelle
Après avoir appliqué le concept de luminescence sur les aiguilles, les chiffres, les index et le cadran, Bell & Ross s’attaque au boîtier grâce à un composite unique: le LM3D.
Bell & Ross BR-X5 Green Lum, titane et composite en fibre de verre luminescent vert, mouvement automatique, 41 mm, étanche à 100 m, édition limitée à 500 pièces, 13 000 fr.
Nomade
On retrouve là les aiguilles surnommées «Snowflake», ce motif flocon de neige qui signe les montres de plongée Tudor depuis 1969. Elles brillent de suissitude avec cette matière lumineuse nommée Swiss Super-LumiNova Grade A.
Tudor Black Bay 58 GMT, acier, mouvement automatique, 39 mm, étanche à 200 m, 4100 fr.
Plongeuse
La montre iconique de TAG Heuer voit ses proportions réajustées à 42 mm dans une épaisseur de 12 mm. Le cadran présente des index et des aiguilles remplies de Super LumiNova vert et bleu assurant style et belle lisibilité.
TAG HEUER Aquaracer Professional 300 Date, acier poli et satiné, mouvement automatique, 42 mm, étanche à 300 m, 3700 fr.
Arc-en-ciel
Envie de soleil au poignet? Cette Superocean est là! Les cadrans sont équipés d’index et d’aiguilles des heures recouverts d’un dégradé brillant de teintes Super-LumiNova. De quoi briller de mille feux dans la pénombre.
Breitling Superocean automatique 42, acier inoxydable, mouvement automatique, 42 mm, étanche à 300 m, 4850 fr.
Novatrice
Technicité, audace et excellence. Trois mots qui résument parfaitement la nouvelle matière signée IWC, une céramique luminescente baptisée Ceralume. Cette dernière a permis de fabriquer pour la première fois des boîtiers qui émettent une vive lumière bleutée pendant plus de 24 heures.
IWC Schaffhausen, montre concept unique en Ceralume®
Mythique
Après les célèbres composés Radiomir et Luminor, Panerai poursuit sa quête luminescente. Cette montre, qui cumule quatre brevets, s’illumine ainsi à la demande grâce à un système qui stocke l’énergie de manière mécanique.
Officine Panerai Submersible Elux LAB-ID, Ti-Ceramitech satiné, mouvement automatique, 49 mm, étanche à 500 m, série limitée à 150 exemplaires, 92 700 fr.