Une même montre change de personnalité quand elle change de matériau. Bel exercice de style

Pour célébrer le lancement de la troisième collaboration entre la marque Hublot et Maxime Plescia-Buchi, un dîner de gala mettait, en avril dernier, les petits plats (italiens) dans les grands, lors d’une soirée milanaise en marge de la semaine du design. L’artiste tatoueur d’origine suisse, aujourd’hui établi à New York avec sa tribu familiale, soupèse deux versions de la toute nouvelle Spirit of Big Bang Sang Bleu (Sang Bleu étant le nom de son studio), prolongement de ce dessin «black work» qui l’a rendu célèbre.

Dans sa main droite, la montre en céramique noire (celle qui figure dans nos images mode du shooting de juin), dans la gauche, celle en titane sertie (en couverture). Laquelle lui ressemble-t-elle le plus? Evidemment, il ne veut pas choisir: «La sertie donne dans la pureté des lignes, elle est facile à comprendre au premier regard. C’est un bijou d’exception», dit-il. La noire est plus mystérieuse: «Elle joue sur la profondeur et la subtilité des niveaux. C’est un objet d’architecture.» 

Cette différence radicale entre interprétations d’un même modèle illustre bien le pouvoir du matériau dans la perception d’une montre. Maxime Plescia-Buchi maîtrise bien ces enjeux: sa collaboration avec Hublot en est à sa troisième édition (après 2016 et 2019) et les trois modèles récents (le troisième est en King Gold) représentent un exercice de style dans ce domaine. Hublot est un partenaire unique dans cette quête de l’adéquation entre design et matière. Dans la manufacture de Nyon, le département Recherche & Développement est roi et la matière, reine. Depuis les débuts de la marque en 1980, il y règne une ébullition, un magma en fusion. Les ingénieurs savants fous mettent de la créativité au poignet, subliment les notions de temps, de fonctions, de grandes complications à l’aide de matériaux toujours plus incroyables. Or 24 cts, céramique, carbure de bore, carbone s’y mélangent. «Be the first, be unique, be different». La philosophie de la marque mise sur ce savoir-faire qui n’appartient qu’à elle: la création d’alliages uniques qui sont le fruit d’années de recherches. L’art de la fusion, dit le slogan.

Tout a commencé avec le caoutchouc. En 1980, Hublot crée la première montre à poser un boîtier en or sur un bracelet en caoutchouc. Le choix du caoutchouc est primordial et résulte de trois ans de recherche. «La pièce gagne le prix de Best Design lors du Grand Prix d’horlogerie de Genève et séduit rapidement un public de connaisseurs en quête de produits horlogers différents.», raconte Ricardo Guadalupe, CEO de la maison, à l’heure d’expliquer la genèse de la première Big Bang. Avec elle, la marque entre dans le XXIe siècle.

Le Magic Gold sera la deuxième grosse innovation, en 2011,  après quatre années de recherche en collaboration avec le laboratoire de métallurgie mécanique (LMM) de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). Son secret? Il est plus résistant que la version classique aux 18 carats: 400 Vickers vs 1000 Vickers! La prouesse est rendue possible grâce à l’ajout de céramique. Mathias Buttet, Directeur R&D, explique la recette de cette matière inrayable: «Une poudre de carbure de bore est mise en forme par pressage isostatique à froid dans des moules s’approchant de la forme finale des pièces. Ensuite, on infiltre de l’or en fusion à très haute pression. Le métal va remplir les pores de la céramique, constituant ainsi le nouveau matériau. »

Dit comme cela, cela semble un peu trivial, mais tout le monde comprend l’intérêt de porter une montre résistante aux agressions du quotidien. Tout le monde comprend bien aussi la valeur ajoutée de la céramique de couleur, qui fait son apparition en 2018. C’est beau, chaleureux et tellement chic au poignet. Alors, évidemment, on reprend son manuel de chimie à la page «cours intensif» pour comprendre sa fabrication. Et on écoute attentivement Mathias Buttet: «L’innovation majeure repose sur une fusion de pression et de chaleur qui fritte la céramique sans brûler les pigments.» L’élaboration a nécessité trois ans de développement et beaucoup de patience. Les équipes ont failli baisser les bras, mais… «Un jour, nous sommes rentrés de déjeuner tardivement et la céramique était restée au four. Or, c’est précisément ce qui manquait au projet pour aboutir: davantage de temps de cuisson. Comme quoi, le destin a toujours le dernier mot.»

On notera également que Hublot s’est illustré avec l’utilisation du Kevlar, du tantale et aussi du saphir. Cette matière transparente et légère a finalement pu se décliner en couleurs, au prix de nombreux essais chimiques dont nous vous épargnerons ici le procédé. L’essentiel à retenir? La matière est assez élégante pour révéler les arcanes de l’horlogerie et assez robuste pour en protéger la mécanique. Ou quand l’horlogerie devient œuvre d’art. 

C’est l’heure du café!

Frais et design! Par son innovation en matériaux, Hublot s’imposait naturellement comme partenaire de la toute première montre en aluminium issu de capsules à café (et de marc) recyclés.

Le modèle Nespresso x Hublot, sur caoutchouc, lui aussi recyclé, est pimpant dans son écrin vert pomme. «Il aura fallu aux équipes un an de R&D pour atteindre une homogénéité de couleurs des sept matières composant la montre, trouver les bons dosages de matériaux et enfin réaliser les tests de qualité et de durabilité de tous les éléments du produit», confie Ricardo Guadalupe. Comme le café, elle booste dès le réveil!

Mouvement automatique, 42 mm, étanche à 100m, 29 990 fr., Hublot Big Bang Unico Nespresso Origin.