Pour qualifier la méthode de refermentation en bouteille à l’origine des bulles, l’appellation la plus prestigieuse a obtenu la substitution de l’adjectif «champenoise» par «traditionnelle». Mais à quand remonte cette tradition? Chez Mauler, toujours en mains familiales, dans le Val-de-Travers neuchâtelois, on affiche 195 ans. A Môtiers, les caves assument la continuité de moines bénédictins installés durant près de mille ans au prieuré Saint-Pierre. Et depuis treize ans, c’est un chef de cave bourguignon, Julien Guérin, qui officie.
Cette année, il a mis sur le marché un «blanc de blanc», soit un pur chardonnay, tiré de ses vignes du Mâconnais, certifiées Bio Bourgeon Suisse: la Cuvée Solem. Mais c’est avec un «blanc de noir», soit un pur pinot noir, tiré de la quinzaine d’hectares que la maison Mauler possède sur le littoral neuchâtelois – la Cuvée Louis-Edouard Mauler 2014 – qu’elle a remporté le titre de meilleur vin mousseux au Grand Prix du vin suisse 2023. Ce titre national, elle l’avait déjà décroché en 2016, avec un vin qui n’existe plus, Bel Héritage 2011, non pas en «appellation d’origine contrôlée», mais en «vin de pays».
Renforcer la production locale, compléter une gamme de quinze vins pour 800 000 bouteilles vendues par an et s’orienter toujours plus vers le bio, ce sont les objectifs du nouveau directeur général, Caleb Grob, un œnologue zurichois qui a conduit pendant seize ans les Caves de la Béroche (NE). A bientôt 60 ans, il a accepté ce défi, qui devrait l’amener au 200e anniversaire de la maison, au bas mot.
Au moment des Fêtes, ce vin vineux, car à base du noble pinot noir à jus blanc, et mûri sur lies, en bouteilles, plusieurs années avant le dégorgement, d’une agréable fraîcheur, mérite d’aller au-delà de l’apéritif. Et quoi de plus joyeux qu’un repas tout «méthode traditionnelle»? On escamote simplement le fameux «flacon de trop», celui à qui on attribue, le lendemain, notre tête lourde…
Cuvée Louis-Edouard Mauler brut 2014, 39,50 CHF/ 75 cl, www.mauler.ch