Parmi les créations olfactives – souvent très compliquées – du plus littéraire des parfumeurs, Serge Lutens, la gamme des «Eaux de politesse» est volupté pure. Ces senteurs légères comme la brise, délicates comme des impressions, sentent surtout le frais et le propre. La toute nouvelle ligne Matin Lutens franchit un pas supplémentaire dans cette voie de parfums qui se positionnent davantage en marques de respect envers soi et les autres qu’en parures dans lesquelles se draper pour se distinguer.
Ainsi donc ces compositions se présentent-elles en grands flacons très purs, qui contiennent des eaux facétieuses, dont s’asperger le visage pour accueillir le jour nouveau. Il ne faut pas mégoter et se laisser aller au plaisir d’une gestuelle ancestrale, dérivée du broc sur la coiffeuse. «Les deux mains par les bras en avant et la tête en second, on y plonge!», se réjouit Lutens, avec une simplicité qui contraste délicieusement avec beaucoup des jus ténébreux qu’il a signés, inspirés des tourments de sa vie. La plus élémentaire de ces eaux s’appelle tout simplement… «L’eau». Elle est la reformulation d’une odeur chère à Lutens depuis longtemps, celle du linge propre, fraîchement repassé. «Dans le bleu qui pétille» propose une émotion plus marine, avec une esquisse de sel, d’iode. La dernière, «Paroles d’eau», se veut une eau presque inodore, mais qui entraîne dans les profondeurs, avec une note d’eucalyptus, une sensation d’aiguilles de pin de Sibérie.
Ces senteurs intimes s’inscrivent dans des rituels à réinventer. Les eaux de parfums s’accompagnent de gels à faire mousser dans ses mains et on a envie de se baigner dans chaque flacon.
Matin Lutens, trois eaux de parfums (100ml/155 fr.) et leurs gels moussants (240 ml/45 fr.).