Puisque le genre n'est plus vraiment un thème, les labels proposent des tenues uniques. L'esprit uniforme envahit la rue.
Longtemps, il s’est agi de décrypter comment la garde-robe féminine s’inspirait de la masculine: bienvenue aux pantalons, redingotes et autres chaussures derbys. La question – historique – a beaucoup préoccupé le début du XXe siècle. Merci encore à Coco Chanel, puis Yves Saint Laurent. Plus récemment, les hommes ont adopté des atours dits féminins: les sacs à porter à la main (Jil Sander), les jupes (Jean Paul Gaultier en pionnier) ou la dentelle (Versace). Aujourd’hui, nous n’en sommes plus à disserter sur le «qui copie qui». Un esprit résolument unisexe anime la nouvelle proposition de mode. Le vêtement n’est plus conçu pour souligner les anatomies en courbes, en muscles, en os ou en coussinets. L’idée est celle d’une tenue rassembleuse, qui se moque des genres et des tailles. Comme un uniforme, en somme – rebondissant sur le débat redevenu actuel des uniformes scolaires, ceux qui ne font pas de jaloux…
Mais gare! Ce floutage des frontières ne signifie en rien affadissement. Les silhouettes nouvelles sont assurées et pointues, elles avancent avec panache dans la rue, au bureau comme en soirée. L’allure sans concession.
Utility Wear – Bleu de travail
Après avoir amplement puisé dans l’univers du sport, la rue décline maintenant les tenues professionnelles: vareuses de marin, vestes pratiques de plombier, uniformes de gendarme… Autant d’inspirations qui allient confort, robustesse et textiles techniques, comme ci-dessus chez Gucci.
Le costume réinventé – Ton sur ton
Après des saisons de vestes surdimensionnées et de pantalons flous à fourche basse, voici un changement de style radical. Le costume se cintre à nouveau, pour dessiner une silhouette longiligne, d’autant plus épurée qu’elle se décline en monocolore. L’or (selon Tom Ford, ci-dessus) représente une option hardie, mais le noir reste une valeur sûre. Dans l’esprit du créateur, le costume représente justement ce revêtement qui fait l’unanimité, du matin au soir. Si chic, si universel.
Microshort – Ame d’enfant
L’important est dans la chaussette. Naïve, un peu montante sous le soulier de cuir, elle innocente ce short qui joue les jupettes, avec ses volumes amples et sa taille très haute. Comme une allégorie subversive de l’uniforme scolaire, la tenue flirte avec l’irrévérence désinvolte.
Neodandy – Textiles historiques
Pied-de-poule ou prince de galles, le tissage ultime d’une veste reste celui que proposent les tailleurs de Savile Row de toute éternité – ou presque. Le veston inspiré de cet héritage (comme chez Loewe, ci-dessus) semble sorti d’une garde-robe mythique, celle où l’aurait laissé dormir un grand-père dandy. Comme un doudou vestimentaire, cette pièce s’accommode parfaitement de n’importe quel mariage, d’un pantalon finement coupé au jean préféré. Basket, sandale ou richelieu – à vous de voir!
Filet de pêche – Attrape-moi si tu peux
Sur le thème de la transparence, amplement abordé depuis quelques saisons, la nouvelle approche s’inspire du filet de pêche – en version particulièrement robuste chez Isabel Marant (ci-dessus). A la fois puissant et léger, ce tissu de séduction joue une carte plus subtile que la si évidente dentelle. On l’aime surtout en été, sur une peau dorée par le soleil, comme un appel à la caresse. Hors soirées d’après-plage, ce filet est très technique (coupé au laser, dessiné avec précision) peut se porter en superposition. Sur un top moulant? Sur un tee-shirt contrasté?