Très présents sur les podiums de l'été et même de l'hiver, les hotpants ont vu le jour dans les années folles. Retour sur leur torride histoire.

On les reconnaît à leur ligne coupée court sur la cuisse, à leur taille haute et à leur allure…disons sexy. Les hotpants – littéralement «culottes chaudes» – ne sont toutefois pas dépourvus d’élégance.

Car contrairement à leurs cousins effilés en jeans, prêts à rouler dans la boue d’un festival, les hotpants peuvent passer de la plage à la soirée mondaine, moyennant quelques adaptations, bien sûr. Ainsi cette saison, Dior et Etro ont présenté des interprétations en total look avec brassière assortie, alors que Valentino a opté pour une version urbaine en les habillant d’une surchemise XXL. Chez Giambattista Valli, les hotpants sont brillants de paillettes et Tom Ford les a prévus pour l’hiver, avec talons hauts et longue doudoune. Enfin, ils se portent tricotés pour Erdem qui les assortit de chaussures ultracompensées, pour un look total seventies.


Les années 1970 ont en effet été l’âge d’or de ce vêtement dont l’histoire commence quelques décennies auparavant, en 1933, sur un court de tennis. La joueuse américaine Alice Marble est parmi les premières à porter un short au-dessus du genou. «Il donne une totale liberté de mouvement, tout en restant sexy», relève Anna Corda, directrice du musée de la mode à Yverdon. Pas étonnant que Wonder Woman l’ait adopté comme uniforme dès son apparition en bande dessinée en 1941. Le cinéma aussi s’empare de ce nouvel objet du désir. On pense à Lana Turner dans Le facteur sonne toujours deux fois (1946) et son air innocent en minishort blanc taille haute ou à la sauvage Silvana Mangano dans Riz amer (1949), le short retroussé jusqu’en haut des cuisses. Toutes les stars de l’époque, Marilyn Monroe et Brigitte Bardot en tête, portent le short court, la taille haute le plus souvent fermée latéralement par un zip. Parallèlement, il devient de plus en plus culotté et s’impose aussi dans le vestiaire des pin-up, où il acquiert définitivement son aura sulfureuse.

Une aura féministe

C’est Audrey Hepburn qui, dans les années 1950, donne une allure plus convenable, décontractée et urbaine, aux hotpants: «Elle les porte avec une chemise à manches longues et des ballerines, une manière de lisser leur côté très glamour», souligne Anna Corda. Voilà comment les hotpants ont finalement acquis leur droit de cité en ville.

A la fin des années 1960, Mary Quant, qui avait déjà inventé la mini-jupe au début de la décennie, en fait un vêtement emblématique des années peace and love. Dans le sillage de la révolution sexuelle, il se pare d’une aura féministe: «Les porter n’est ni une affaire de jambes, de physique ou de taille, mais de caractère. Il faut les assumer, c’est une façon d’afficher sa confiance en soi», analyse Anna Corda. La chose est mûre et c’est bien au cours des seventies que le terme lui-même de «hotpants» apparaît, au détour d’un album de James Brown, le parrain de la soul, mais aussi d’un article du magazine Women’s Wear Daily, nommant ainsi les shorts ultracourts vus chez Dorothée Bis. S’imposant dans le lexique fashion comme dans les mœurs, c’est alors l’heure de gloire des hotpants. A tel point qu’ils finissent en uniformes, en 1971, habillant les Love Birds, surnom donné aux hôtesses de la compagnie aérienne américaine Southwest Airlines.

1933 – La championne de tennis Alice Marble ose le short au-dessus du genou

La tenue sera reprise par la police de Broumana, au Liban, dans les années 2010 et par les pom-pom girls des Dallas Cowboys Cheerleaders jusqu’à aujourd’hui. Si les hotpants s’imposent comme attire-regard évident, le comble est sans doute atteint en 1973, quand le tout jeune publicitaire Oliviero Toscani pense à eux pour la campagne des jeans italiens Jesus. Celui qui deviendra célèbre en signant les publicités controversées de Benetton dans les années 1990 photographie en gros plan des fesses moulées dans un minishort en jeans sur lequel est imprimée une phrase de l’Evangile: Chi mi ama mi segua (qui m’aime me suive, ndlr).


Après un passage à vide dans les années 1980, les microshorts ressortent du placard la décennie suivante. Les Bowie les arborent en couple en 1992 – les mâles ne seront qu’une poignée à s’y risquer hors gay prides, comme Elton John ou Liberace. A l’orée du XXIe siècle, Lara Croft, héroïne du jeu vidéo Tomb Raider, en fait sa marque de fabrique. Et Kylie Minogue, qui en porte une version dorée dans le clip vidéo de Spinning Around, leur devrait même le succès de son come-back. A moins que ce ne soit l’inverse?