Dans la famille des fards aux couleurs fortes, on demande le rouge! Pour des battements de paupières aux effets dramatiques.

Dites: Glamour. Ou passion. Ou intensité. Si le rouge ardent appartient à l’esprit des Fêtes, il se cantonne souvent aux lèvres (forcément!), aux ongles (toujours!), éventuellement aux pommettes. Cette saison, la couleur de tous les excès s’aventure pourtant aussi jusque sur les yeux, en un nuancier qui va du rose tendance fuschia au fauve mystique, en passant par l’essentiel écarlate.

Depuis le printemps dernier sur les podiums des défilés, une tendance s’est propagée comme une traînée de poudre (à paupières) par la grâce ou la malédiction des réseaux sociaux: le hashtag #redeyeshadow a été vu plus de 50 millions de fois. Et voilà que devient désirable une allure que même les professionnels du maquillage expérimentés abordent avec une retenue respectueuse.
Faut-il se précipiter? De sagesse populaire, l’œil rouge n’est pas forcément le plus désirable: on peux y lire la tristesse de pleurs que l’on aimerait cacher, la sensibilité d’un regard exposé à ce qu’il n’aimerait pas voir. Mais peut-être n’est-ce pas un hasard que cette élégance à la fois spectaculaire et dramatique surgisse justement dans une période où le monde hésite tant entre le rire et les larmes, où la tragédie n’est jamais tapie très loin derrière les célébrations.


Danser au bord du volcan… C’est que le rouge – le feu, le sang, la révolution, la force, l’érotisme, la colère – correspond à une intensité émotionnelle toute particulière. «Les psychologues sont depuis longtemps fascinés par l’influence de la couleur rouge sur la psyché humaine», écrit l’historienne des cultures et auteure anglaise Kassia St Clair dans son livre acclamé La vie secrète de la couleur, traduit en français en 2019 (Editions du Chêne). Selon ses recherches, la vue du rouge entraîne une augmentation de la pression sanguine et une accélération de la respiration. «Des pigments rouges ont été répandus sur des tombes néolithiques dans le monde entier; les équipes sportives portant des uniformes rouges gagnent plus souvent; les bébés réagissent plus tôt au rouge qu’aux autres couleurs. Il est difficile de décrypter exactement ce que le rouge nous fait, mais il exerce clairement une attraction», explique Kassia St Clair lors d’un entretien avec la maison de design Knoll.

Un twist vénéneux

En maquillage pour les yeux, les audacieuses qui n’ont peur de rien peuvent y aller carrément, la brillance en sus! Les autres opteront pour davantage de parcimonie: la poudre vermeille se fond avec des pigments plus neutres, qu’elle colore de manière presque subliminale. Pareil pour le mascara, où le rouge sombre ajoute un rien de mystère vénéneux au si classique noir. Michelle Fischer, artiste maquilleuse chez Dior, suggère une approche par étapes: «Une nuance de rouge sur l’os du sourcil, avant d’opter pour une ombre à paupières ou un liner rouge.» Selon elle, l’utilisation progressive de l’ombre à paupières rouge comme couleur de transition pour mélanger les tons neutres est également un bon début. Autre astuce: «Le trait d’eye-liner double – une fois en noir et une fois en rouge – donne immédiatement un léger twist à un look classique.» Même approche chez David Hahmeyer, responsable de la formation chez Clarins, qui conseille également d’utiliser un kajal ou un liner avec du fard à paupières rouge pour souligner la ligne de flottaison inférieure de l’œil d’une nuance foncée. Mais le plaisir consiste surtout à essayer: même pas peur!

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