Pour son édition 2022, la manifestation Mode Suisse a choisi le Kunsthaus de Zurich, le 12 septembre. Outre des labels sélectionnés, des marques amies étaient invitées à présenter pour la première fois leurs collections.

Le choix du lieu ne doit rien au hasard. Outre ses volumes monumentaux, le musée d’art le plus célèbre de Suisse incarne parfaitement cette réalité: la relation entre art et mode est aussi étroitement nouée que le sont les mailles du nouveau tricot d’automne.  Les deux domaines s’influencent mutuellement, se nourrissent l’un l’autre, reflètent, l’un comme l’autre, les courants sociaux. Rares d’ailleurs sont les musées de premier plan qui n’ont pas encore jamais exposé le travail d’un créateur de mode. Et rares sont les grandes marques de mode qui ne se sont pas parées du nom d’un artiste. Tracey Emin, Damien Hirst ou Yayoi Kusama tous ont flirté avec des labels de vêtements, comme Longchamps, The Row ou Louis Vuitton.

Les collections présentées à Mode Suisse se sont donc inscrites dans la cette tradition. Certes, la nouvelle extension est critiquée depuis son ouverture, surtout pour ses choix d’accrochage : une collection dont l’origine est nébuleuse, voire hautement contestable, et des expositions individuelles dans lesquelles les femmes artistes sont désespérément sous-représentées. Sur ce dernier plan, le spectacle d’hier soir avait tout juste: le quota entre designer hommes et femmes était respecté et l’accent mis, comme il se doit, sur la création locale. Les gradins, pleins à craquer, rendaient hommage au spectacle. Et l’architecture à la grandeur retenue de David Chipperfield a offert une coulisse impressionnante, un havre de quiétude, aux créations parfois extravagantes présentées par les dix membres du jury.

Le jury avait donc désigné les finalistes.

Les robes opulentes d’Amorphose, le studio basé à Lugano, et les créations de Morris Manser ont attiré l’attention. Chez ce dernier – gradué de l’HEAD de Genève avant de s’établir à Bâle avec son équipe, les amateurs apprécient les silhouettes sculpturales pimentées de références artisanales d’Appenzell.

De son côté, la créatrice de mode de Winterthour, Nina Yoon, a été distinguées par le prix Miele x Mode Suisse For Positive Impact, qui ses collections pensées dans un esprit de durabilité depuis le lancement de la marque, en 2018. La créatrice native de Séoul travaille sur des cycles plus lents que la branche ne l’impose aujourd’hui, choisit des matériaux naturels, réutilise toutes les chutes de tissus… et assure réparations et remodelage des pièces dans son atelier.

Quand Yannick Aellen, a fondé la plateforme Mode Suisse en 2011, il entendait surtout lancer un dialogue constructif entre les créateurs, l’industrie textile, le commerce de détail, les médias et les universités. Cette ambition est bien vivante. Des étudiants de la HEAD Genève et de la Fachhochschule Nordwestschweiz ont présenté leurs collections, tout comme les boutiques zurichoises Vestibule et Bongenie Grieder. Et les débutants d’hier étaient là pour soutenir la génération montante : la marque de sacs Qwstion ou encore Bernina x Irène Münger font partie de ce « Friends » avec lesquels il fait bon réseauter à la fin du spectacle.

Plus d’informations sur www.modesuisse.com