Plusieurs marques cosmétiques jouent le duo crème et compléments alimentaires. Beauté intérieure...

Elles défilent sur grand écran, sur scène et dans les pages des magazines people: ces célébrités qui, malgré un gâteau d’anniversaire toujours plus garni en bougies, semblent ne jamais vieillir. Lorsqu’on les interroge sur le secret de cette éternelle jeunesse, la plupart évoquent leurs bons gènes… A d’autres! Ces derniers temps pourtant, le discours évolue vers l’alimentaire. Il est souvent question d’une recette d’(arrière-)grand-mère: le bon vieux bouillon de bœuf. Avec sa teneur élevée en collagène, ce liquide est considéré comme une potion de beauté dont la planète hipster, de Berlin à New York, raffole.


«Le collagène est la protéine la plus répandue dans notre corps. Grâce à sa structure, il assure l’élasticité et la fermeté de la peau. A partir de 25 ans environ, la production de collagène par l’organisme diminue, c’est pourquoi il est tout à fait logique d’en prendre en complément alimentaire», explique Vanessa Craig, docteure en biologie moléculaire et génétique. «J’ai compris très tôt l’importance et l’influence de l’alimentation sur l’apparence physique.» Australienne d’origine, installée à Zurich, la chercheuse a développé une poudre de collagène vendue sous le nom de Formettā. «Des études cliniques ont montré que l’apport oral entraînait une amélioration mesurable de l’hydratation de la peau et de la profondeur des rides», affirme-t-elle. Une affirmation contredite par Stiftung Warentest – l’équivalent allemand de Bon à savoir– qui a réalisé des tests et conclut qu’une supplémentation de collagène n’avait pas d’effet positif démontrable sur l’épiderme. Vanessa Craig de préciser: «Mais vous ne trouverez pas une formule éprouvée qui ne contient que des peptides de collagène sans d’autres ingrédients en quantité significative qui servent à soutenir la synthèse du collagène.» En effet, pour pouvoir réellement tabler sur une amélioration visible de l’aspect de la peau, la plupart des produits à base de collagène contiennent aussi des vitamines ou de la biotine, dont les effets positifs sont prouvés. C’est que le marché est prometteur. Avec un taux de croissance annuel entre 6 et 10%, le secteur est estimé à 250 milliards d’euros d’ici à 2024, comme le relève l’institut marketing dans le domaine alimentaire, In’alim. Cette progression a été renforcée ces dernières années par la volonté de la population de maintenir un niveau de santé optimal face notamment à la crise du Covid.


Or ce marché s’étend désormais aux rayons cosmétiques, où de plus en plus de marques de beauté établies – comme myBlend, Dr. Barbara Sturm, Clinique La Prairie, Gallinée, Ouai ou Oskia – proposent leurs propre gamme, en lien avec les produits de soins classiques. Les étals des drogueries et pharmacies sont également de plus en plus garnies de pilules, boissons, poudres et gélules pour renforcer la beauté de l’intérieur, avec des promesses plutôt ambitieuses.


«La peau est le miroir de notre santé, explique Tina Frutiger, directrice de myBlend Suisse. C’est un organe vital relié à tous les autres. C’est pourquoi il est si important d’en prendre soin, de le nourrir de l’intérieur et de l’hydrater». MyBlend a été développé en collaboration avec la médecin nutritionniste Béatrice de Reynal, et différents compléments alimentaires font partie intégrante de l’offre de soins. Le credo? Beauté holistique. «Nous parlons là du pouvoir des synergies, détaille Tina Frutiger: compléments alimentaires + soins de la peau + technologie sous forme de masque LED.» La nouvelle collection Holistic Health de Clinique La Prairie fonctionne un peu sur le même principe, avec des compléments alimentaires spécialement développés. «Holistic Health est plus qu’une préparation vitaminée. Trois types de nutriments différents sont utilisés pour lutter contre les principales causes du vieillissement et de l’inflammation dans le but de prolonger la vie», précise Simone Gibertoni, CEO de la Clinique de la Prairie et co-fondateur de Holistic Health.

Dosages et conditionnements

La plupart des marques préconisent une démarche individualisée, qui passe par un bilan établi par un spécialiste. «Les suppléments, quels qu’ils soient, n’ont de sens que s’il existe une carence concrète dans les apports», rappelle aussi Vanessa Craig. Les bons résultats dépendent évidemment de la qualité et de la pureté des nutriments prescrits, mais aussi du juste dosage. «La dose efficace de collagène scientifiquement prouvée est de dix grammes par portion. De nombreux compléments alimentaires n’atteignent pas cette valeur», soutient Vanessa Craig.

Si ces conditions sont remplies, la supplémentation en vitamines, collagène ou autre, permet d’obtenir des changements positifs à long terme, la fondatrice de Formettā en est convaincue, citant cet adage: «Genetics loads the gun, and the environment pulls the trigger – La génétique charge le pistolet, mais c’est l’environnement qui appuie sur la gâchette.» Elle avance en effet que 90% des signes extérieurs de vieillissement de la peau sont causés par un mode de vie malsain… mais éventuellement réversible. Même si le pourcentage paraît bien élevé, voilà qui donne quelques perspectives à tous ceux qui n’ont pas l’ADN d’une superstar.